Ancien port du Vietnam où se négociaient ballots de soie, porcelaine et ivoire, la paisible cité offre des splendeurs architecturales restées intactes malgré les guerres.
Le vert est tout autour: bosquets de palmiers d’eau qui bordent la rivière, rangées de cocotiers ou de badamiers qui ombragent la plage et, bien sûr, rizières en camaïeu où barbotent les canards… Hôi An, elle, est tout en pastels: pont couvert et temples de couleur rose, maisons basses, bleues, vertes ou jaune pâle qui s’alignent le long des trois rues principales, parallèles aux quais. C’est aujourd’hui une bourgade coquette où il fait bon séjourner au moins deux ou trois jours, pour visiter l’une des rares villes du Vietnam à avoir conservé presque intact son aspect d’avant les guerres et pour découvrir les plages des environs et les ruines du sanctuaire cham de Mi Son.

Hôi An est un port déchu devenu un havre de paix, où l’on a répertorié pas moins de 800 vestiges: il s’agit essentiellement de maisons et d’échoppes, de temples claniques, de pagodes ainsi que de bâtiments administratifs construits pour la plupart aux XVIIIe et XIXe siècles. La pagode de Chuc Thanh est l’édifice le plus ancien, puisque sa fondation remonte à 1454, tandis que le pont couvert japonais, long d’une vingtaine de mètres, date de 1593.
Dès les XVe et XVIe siècles, des jonques et des voiliers de tous les pays voisins – Chine, Japon, Philippines et Malaisie – viennent mouiller dans ce port alors aussi connu que ceux du détroit de Malacca et des autres grands lieux de passage de la mer de Chine méridionale. Des fouilles effectuées à quelque 3 kilomètres à l’intérieur des terres attestent d’ailleurs que, entre les IVe et VIe siècles, le royaume indianisé du Champa, dont la capitale – Simhapura – se situe en amont du fleuve Thu Bon, dispose déjà d’un important port à l’embouchure de ce même cours d’eau.
Chargeant ou débarquant des ballots de soie, des cargaisons de porcelaines, de noix d’arec, de thé, de nacre et d’ivoire, navigateurs et négociants chinois et japonais profitent des vents du nord-est, dominants en hiver, pour aborder ce rivage situé au centre du Vietnam actuel. Ils s’installent sur place en attendant que la mousson d’été, soufflant du sud, leur permette de retourner dans leur pays. Ils créent peu à peu des comptoirs où certains décident de demeurer afin d’assurer le commerce tout au long de l’année. Hôi An s’appelle alors Hai Pho, ce qui, en langue sino-vietnamienne, signifie «bourg maritime». C’est d’un malentendu, dit-on, que naît le nouveau nom de la cité, Faifo (textuellement: «c’est la ville»). On raconte que, lorsque les premiers Occidentaux, découvrant le site au XVIe siècle, interrogèrent des autochtones pour savoir où se trouvait le port, quelqu’un leur répondit «Phai pho», ce qui veut tout simplement dire: «Oui, c’est la ville …»
C’est dans le sillage des premiers visiteurs portugais que, un beau jour de 1624, débarque de Macao un personnage d’une importance capitale pour la culture du Vietnam. Il s’agit du père Alexandre de Rhodes, missionnaire jésuite qui, passionné par le pays et désireux de convertir les habitants à la religion chrétienne, invente le système de transcription alphabétique de l’écriture vietnamienne.